mardi 7 avril 2015

Des nouvelles du CPF : un démarrage difficile



La nouvelle loi avait sorti l'artillerie lourde avec le CPF (compte personnel de formation). Nous constatons un démarrage très difficile; moins de 200 dossiers ont été acceptés et financés depuis le début de l’année au niveau national !

Ce chiffre paraît ridicule et c’est même une goutte d’eau dans le paysage de la formation au niveau national surtout quand on sait que le dispositif prévoyait d’en absorber plus de 40 000 par mois.

Ce chiffre peut s’expliquer par deux facteurs à ne pas négliger :


  • Le manque d’information des salariés ; si tout le monde avait plus ou moins entendu parler d’un changement (notamment de la disparition du DIF et de l’arrivée du CPF) très peu en avait compris les subtilités et en particulier le changement le plus flagrant qui prévoit qu’un départ en formation dans le cadre du CPF ne peut se faire que dans le cadre d’une formation certifiante ou diplômante inscrite au registre national des métiers (RNCP).

  • Le CPF ne correspond pas aux attentes du marché et en particulier à celles des salariés en poste qui n’ont pas nécessairement besoin de formations longues et encore moins de diplômes, mais qui cherchent à se professionnaliser par l’acquisition de compétences.


On peut légitimement se poser la question du bien-fondé de cette réforme, en l’état, elle vient  à l’encontre de la tendance du marché de l’emploi qui est fortement tourné vers les compétences, les outils, les savoirs faire…

Beaucoup de jeunes professionnels entrent sur le marché avec un niveau de formation souvent déjà très supérieur.
Les salariés, de leur côté, sont un peu désemparés et inquiets surtout quand on ajoute que la formation dans le cadre du CPF est prévue hors temps de travail et n’est pas nécessairement financée à 100%.

Bref, un démarrage poussif et peu enthousiaste, espérons que les négociations de branches assoupliront le dispositif pour qu'il place le salarié au centre de jeu, comme le prévoyait la loi, mais en se rapprochant un peu plus des réalités du marché.




jeudi 5 février 2015

Une réforme de la formation professionnelle continue qui bouscule les habitudes



La nouvelle loi sur la formation professionnelle est donc effective depuis le premier janvier 2015. Ce texte remanie  les cartes et va modifier largement les pratiques qui existaient depuis l’origine de la loi (1971)

Une révolution culturelle :

Nous passons d’une obligation fiscale (obligation de cotiser pour la formation des salariés) à une obligation sociale (obligation de mettre en œuvre des processus d’évolution de ses salariés). Cette obligation se traduit par l’obligation de mettre ne place un entretien professionnel pour tous les salariés, tous les deux ans, et de pouvoir justifier de l’évolution de chaque salarié tous les 6 ans.

L’évolution devra être constatée par au moins deux des trois critèress suivants :

-          Le salarié a été augmenté ;
-          Le salarié a bénéficié d’une formation au bénéfice de l’évolution de ses compétences ;
-          Le salarié a évolué en termes de position dans l’entreprise (grade, responsabilités…).

Le non-respect d’au moins deux de ces trois critères verra l’entreprise sanctionnée par une « amende » concrètement traduite en heures de CPF que le salarié pourra utiliser librement.

Le CPF ? Mais c’est quoi le CPF ?

Le Compte Personnel de Formation est une des grandes nouveautés introduite par la loi.
Tous les salariés auront un compte ouvert (dès l’entrée sur le marché du travail, donc cela concerne également les jeunes diplômés) qu’ils garderont jusqu’à leur départ en retraite.
Ce compte remplace le DIF (mal aimé de la précédente réforme) qui n’avait jamais vraiment réussit à trouver sa place.
Sur le même principe que son prédécesseur, il sera incrémenté, chaque année, d’un crédit de 24 heures de formation, pour un total maximal de 150 heures.

Il est mobilisable par chaque salarié et utilisable à sa guise sans accord de l’employeur (la formation se déroule donc hors temps de travail).
Autre grandes nouveauté : ces heures ne pourrons être mobilisées que dans le cadre de formations diplômantes ou certifiantes.

Le CPF sera géré et administré par la caisse des dépôts. Le gouvernement a créé un site web à cet effet : http://www.moncompteformation.gouv.fr/  . Chacun peut d’ores et déjà y créer son compte.

Alors, évolution ou révolution ?

On ne peut nier que cette réforme a largement refondu le système en place depuis plus de 40 ans. Système qui était souvent comparé à une « usine à gaz », difficilement lisible pour ne pas dire opaque pour les salariés.
Cette loi a le mérite de remettre le salarié au centre du jeu en lui allouant une vraie liberté de choix et un droit opposable pour pouvoir bénéficier de formations et s’orienter sur son chemin de compétences.

Toutefois, on peut y voir quelques faiblesses ; si dans le cadre du CPF le choix du départ en formation est initié par le salarié, il se fera hors temps de travail, ce qui risque de rebuter certains salariés. De plus, ce choix ne pourra se faire que dans un panel de formations diplômantes ou certifiantes : pas facile d’en trouver par tranches de 24 heures annuelles ! Il faudra-t-il donc attendre 6 ou 7 ans avant d’avoir un quota suffisant ? Pas tout à fait, puisque les heures de DIF non utilisées seront activables dans le cadre du CPF, mais sur deux comptes séparés…une réforme pas si simple finalement.

On voit que la loi a été  largement pensée pour les publics peu diplômés ou en difficulté face à l’emploi, et c’est une bonne chose, mais cela pourrait être au détriment des salariés en poste, qui n’ont pas nécessairement besoin de passer de nouveaux diplômes ou de suivre des formations longues et qui s’orienteraient plus naturellement vers des formations courtes tournées vers des compétences ciblées.
Ceci est toujours possible, via le budget de formation de l’entreprise, le problème est que la loi l’a divisé par quatre !

Alors, oui, l’entreprise a désormais l’obligation de former ses salariés plus régulièrement,  et il y a bien une notion de contrôle précisée dans la loi, mais suivre et contrôler 40 millions de comptes semble pour le moins ambitieux.
Bonne ou mauvaise réforme ? Seuls le temps et les faits le diront.

Nous ferons un premier bilan l’année prochaine.